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Fièvre de l'or : mythe ou réalité ?

Le 2 septembre 2025, l’once d’or a battu un nouveau record à 3 501 dollars. Depuis janvier, le métal jaune a déjà progressé de plus de 30 %, et de 40 % sur un an. Symbole d’un monde en tension, l’or attire autant les banques centrales que les particuliers, mais sa flambée interroge sur sa soutenabilité et son rôle réel dans une stratégie patrimoniale.
 

Un métal dopé par la défiance
Depuis plusieurs mois, les marchés sont ballottés par un cocktail explosif : incertitudes monétaires, tensions géopolitiques et défiance vis-à-vis du dollar. La Réserve fédérale américaine (Fed) est attendue sur une baisse de ses taux directeurs en septembre. Cette perspective réduit mécaniquement l’attrait des placements en dollars et pousse les investisseurs vers des valeurs refuges, au premier rang desquelles figure l’or.
 

À ce facteur monétaire s’ajoute un élément politique inédit : les pressions de Donald Trump sur la Fed. Le président américain a publiquement manifesté son souhait de révoquer Lisa Cook, gouverneure de la banque centrale, une initiative qui ébranle l’indépendance d’une institution clé. Cette politisation alimente un climat de défiance qui profite directement au métal jaune.
 

Dans le même temps, les crises géopolitiques perdurent. La guerre en Ukraine, les tensions au Moyen-Orient et les surenchères commerciales autour des droits de douane nourrissent un sentiment d’instabilité globale. L’or, valeur refuge historique, bénéficie ainsi d’un regain d’intérêt massif.
 

Banques centrales et particuliers au rendez-vous
Les banques centrales, notamment celles des pays émergents, jouent un rôle majeur dans cette dynamique. Entre 2022 et 2024, elles ont acquis plus de 1 000 tonnes d’or, un volume record destiné à diversifier leurs réserves et à réduire leur exposition au dollar. Sur le premier semestre 2025, leurs achats ont déjà dépassé 400 tonnes, confirmant une tendance structurelle.
 

Du côté des particuliers, la demande est également soutenue. En Chine, la crise immobilière a détourné une partie de l’épargne des ménages vers l’or, sous forme de lingots, de pièces ou encore d’ETF. Cette ruée traduit une double motivation : la recherche de sécurité face aux turbulences économiques et la préparation de l’avenir, notamment la retraite.
 

Pourtant, cette course à l’or n’est pas sans risque. Historiquement, les phases de correction ont pu durer plusieurs décennies. En dollars constants, il a fallu attendre 2010 pour que l’or retrouve le sommet atteint en 1980. Surtout, le métal précieux ne produit ni intérêts ni dividendes : son rendement repose uniquement sur l’évolution de son prix.
 

L’or apparaît donc moins comme un placement générateur de revenus que comme un outil de diversification patrimoniale, destiné à amortir les chocs systémiques. Une assurance en quelque sorte, mais qui peut coûter cher si le marché corrige.
 

Sources : Philippe Crevel, Cercle de l’Épargne, septembre 2025
 


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